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CHRONIQUE DE N. RAZAFILAHY: Le ministère de l’injustice garde des sots au détriment des bons juges la gazette de la grande île du 26 février 2018

Sauf mauvaise  foi délibérée de  sa part, la  confidence d’un magistrat de 1er  grade indigné par les  dérives de  sa profession nous  apprend que  dame  Elise Alexandrine Rasolo, actuel patronne du département  de Faravohitra  accrochera son  tablier le mois  prochain. En principe, elle part  à la  retraite. Serait-ce une  des  raisons pour laquelle elle  fait montre d’une  telle indifférence coupable  dans la gestion  de  son ministère. Déjà  que de l’avis  de la plupart  des observateurs, le déficit  de crédibilité et la méfiance des justiciables ne permettent  guère de croire encore en l’existence d’une justice impartiale, voilà que des  voix  s’élèvent pour  dénoncer le  laxisme suspect de  celle qui  est  censée être la première responsable du  bon  fonctionnement  du système judiciaire  de  ce pays. Après Houcine Arfa qui,  pour sortir de prison à la faveur  d’un ordre médical, « dit lui avoir versé 70 000 euros par l’intermédiaire d’agents du ministère venus lui rendre visite en prison », voilà que la mise  en cause  dans une  affaire  de multiples corruptions, la  fuite du Directeur Administratif  et  Financier de l’Ecole  de la  Magistrature  rejaillit  sur  elle, à  cause de  lourdes  suspicions sur une  histoire de  quota dans les  résultats d’un concours  d’entrée dans le prestigieux  établissements destinés à former les magistrats. Les  rumeurs laissent  entendre que le  dit  DAF a été épinglé à cause  des  traces de fuites et divulgation des sujets  d’examen…

Selon le magazine, La  Revue publiée par la  Présidence de la  République « le bilan de la première  année du  quinquennat ne pouvait pas  être teinté  d’un optimisme  béat,  tout  comme les  réalisations ne pouvaient pas  aussi être occultées. Il s’agit  de tourner définitivement la page de l’illégalité,  de réinsérer Madagascar au  sein de la communauté  internationale. Les sanctions  ont été levées, et les  fondations  du  développement sont  en place,  sous les auspices  de la  réconciliation  nationale » déclarations d’intention illusoires et  vœux pieux  que  tous  cela !  Pour  ceux  qui ont  voté ou  fait  voter pour le candidat  n°33 Hery Rajaonarimampianina ou ceux qui ont  retourné leur  veste après la pirouette fourbe du premier président de cette 4ème République de toutes les  traîtrises et la rupture fracassante d’Andry Rajoelina à l’Hôtel Carlton, il n’y avait plus  d’autres  alternatives que de  ramper aux pieds des nouveaux  tenants  du pouvoir. Au parlement les  députés  et les  sénateurs étaient tous à la botte de l’exécutif. La Haute Cour  Constitutionnelle elle-même  a dû improviser pour  accoucher d’un pacte de  responsabilité pour éviter au  Chef de l’Etat la  honte d’une  destitution inévitable. Il va de  soit que dans toutes les juridictions de l’Administration judiciaire l’instrumentalisation et la  soumission hiérarchique étaient monnaie courante  et surtout lorsqu’elles étaient assorties  d’espèces  sonnantes et trébuchantes. De toute  façon, la magistrature n’avait pas d’autres choix hormis celui de courber l’échine sous le joug  d’un Conseil Supérieur de la  Magistrature dominé par un président de la République. Comment dans un tel  contexte  s’attendre à  une  justice impartiale et intègre, lorsque l’exemple qui vient d’en  haut laisse passer des dérives et  des abus  de  fonctions manifestement illégaux et profondément iniques ?

Les échos  des colonnes  des médias  fourmillent de ces violations  flagrantes et de ces textes  de nos lois commis par quelques magistrats détenteurs de  très  hautes responsabilités. Un cas parmi  tant  d’autres : celui qui relève  de la juridiction de  Fianarantsoa concernant l’assassinat d’un  adjudant-chef en service commandé tué par un  dahalo. Arrêté  et conduit  devant le Parquet, le tueur a  été libéré…Les parents du malfaiteur de  se vanter par la suite  de n’avoir payer que 50 millions de  francs pour ce  résultat scandaleux au mépris d’une  veuve et  d’orphelins. Des indiscrétions frustrées émanant  de la  société  civile nous révèlent les récents quiproquos qui ont eu lieu  au cours  de la récente assemblée du  Conseil Supérieur de la  Magistrature. Il était question selon ces sources exogènes du corps de la magistrature d’une forme de corporatisme malsaine affichée ouvertement par l’actuelle ministre de la Justice au profit de quelques magistrats dont la mauvaise réputation en matière de corruption avérée, de fautes professionnelles commises dans l’exercice de leurs fonctions sont prouvables et prouvées par l’opinion. Certains chefs de juridictions vont même jusqu’à prendre des décisions injustes à l’endroit de quelques juges objets d’animosités personnelles de leur part. A cause d’un parti pris aveugle et hautement suspect de complicité blâmable inavoué, dans le cadre de l’autorité du Conseil Supérieur de la Magistrature, dame Elise Alexandrine Rasolo s’insurge ouvertement pour assurer la protection de ses pairs aux activités condamnables sur le plan pénal et disciplinaire, sous les yeux des membres du CSM non membres de la profession. En s’opposant énergiquement à l’ouverture d’enquêtes destinées à mettre à nu les méfaits d’un Procureur Général, d’un Procureur ou d’un Doyen des juges, la ministre ne cache pas sa protection affichée pour les ententes nuisibles de très hautes personnalités de l’exécutif avec des magistrats corrompus qui ne respectent plus les obligations attachées à leurs postes. Au contraire, la ministre de la justice prend sous son aile protectrice les sorts de hauts fonctionnaires parjures que le Mouvement pour l’Ethique et de la Déontologie de Madagascar (MEDEM) avaient déjà pointé du doigt dans leurs doléances. Le moment est venu de redéfinir ce que mous entendons par « intégrité », ce qui implique de revoir les limites du pouvoir de décision de l’exécutif, autant que celui de l’ensemble du Conseil Supérieur de la Magistrature et de débarrasser cette instance de la lourde pesanteur du pouvoir exécutif qui ne permettra pas du tout le retour de la confiance des justiciables vis-à-vis des juges en général et de certaines autorités judiciaires déjà réputées pour leur passé pervers. Au regard d’un quadrillage du territoire national par le parti présidentiel HVM, les agissements partisans du ministre de la justice qui approuve qu’on écarte à tort et à travers quelques juges pour favoriser d’autres en prévision de la prochaine échéance électorale, surtout au niveau de Toamasina ne peuvent que renforcer la méfiance du public. Aux yeux de la population de grand port de l’Est, la fréquence des incidents très regrettables entre des chefs de juridictions au détriment des subalternes marquent à la fois un excès de zèle clientéliste en faveur des autorités centrales et le réveil des vrais défenseurs de l’Etat de Droit. Ce n’est pas avec une ministre de la Justice qui ne pense qu’à préparer son retour confortable au bercail avec les avantages inavouables qui vont avec que le régime arrivera à reconquérir la sympathie des électeurs. Seul un revirement drastique dans le sens d’un nettoyage par le vide selon les souhaits des membres actuels pourra encore sauver la mise à un système pour lequel «les patates pourries sont cuites» en misant sur des ripoux qui s’incrustent pour toujours s’enrichir davantage au lieu de servir les veuves et les orphelins. Du coq à l’âne, à propos de Jacob Zuma, les médias nous apprennent que«sous sa protection, les Gupta avaient joui d’une splendide immunité, élaborant une « capture d’Etat » qui pourrait avoir coûté des milliards de rands (des centaines de millions d’euros) à l’Afrique du Sud. Depuis leur salon, les frères nommaient des ministres, organisaient des raids sur les entreprises publiques. Pas un juge n’aurait osé toucher à un de leurs cheveux. Et voilà qu’on lançait une opération policière chez eux ». D’après un proverbe danois « Un doux commencement a quelquefois une fin amère. » Méditation !

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