Sauf mauvaise foi délibérée de sa part, la confidence d’un magistrat de 1er grade indigné par les dérives de sa profession nous apprend que dame Elise Alexandrine Rasolo, actuel patronne du département de Faravohitra accrochera son tablier le mois prochain. En principe, elle part à la retraite. Serait-ce une des raisons pour laquelle elle fait montre d’une telle indifférence coupable dans la gestion de son ministère. Déjà que de l’avis de la plupart des observateurs, le déficit de crédibilité et la méfiance des justiciables ne permettent guère de croire encore en l’existence d’une justice impartiale, voilà que des voix s’élèvent pour dénoncer le laxisme suspect de celle qui est censée être la première responsable du bon fonctionnement du système judiciaire de ce pays. Après Houcine Arfa qui, pour sortir de prison à la faveur d’un ordre médical, « dit lui avoir versé 70 000 euros par l’intermédiaire d’agents du ministère venus lui rendre visite en prison », voilà que la mise en cause dans une affaire de multiples corruptions, la fuite du Directeur Administratif et Financier de l’Ecole de la Magistrature rejaillit sur elle, à cause de lourdes suspicions sur une histoire de quota dans les résultats d’un concours d’entrée dans le prestigieux établissements destinés à former les magistrats. Les rumeurs laissent entendre que le dit DAF a été épinglé à cause des traces de fuites et divulgation des sujets d’examen…
Selon le magazine, La Revue publiée par la Présidence de la République « le bilan de la première année du quinquennat ne pouvait pas être teinté d’un optimisme béat, tout comme les réalisations ne pouvaient pas aussi être occultées. Il s’agit de tourner définitivement la page de l’illégalité, de réinsérer Madagascar au sein de la communauté internationale. Les sanctions ont été levées, et les fondations du développement sont en place, sous les auspices de la réconciliation nationale » déclarations d’intention illusoires et vœux pieux que tous cela ! Pour ceux qui ont voté ou fait voter pour le candidat n°33 Hery Rajaonarimampianina ou ceux qui ont retourné leur veste après la pirouette fourbe du premier président de cette 4ème République de toutes les traîtrises et la rupture fracassante d’Andry Rajoelina à l’Hôtel Carlton, il n’y avait plus d’autres alternatives que de ramper aux pieds des nouveaux tenants du pouvoir. Au parlement les députés et les sénateurs étaient tous à la botte de l’exécutif. La Haute Cour Constitutionnelle elle-même a dû improviser pour accoucher d’un pacte de responsabilité pour éviter au Chef de l’Etat la honte d’une destitution inévitable. Il va de soit que dans toutes les juridictions de l’Administration judiciaire l’instrumentalisation et la soumission hiérarchique étaient monnaie courante et surtout lorsqu’elles étaient assorties d’espèces sonnantes et trébuchantes. De toute façon, la magistrature n’avait pas d’autres choix hormis celui de courber l’échine sous le joug d’un Conseil Supérieur de la Magistrature dominé par un président de la République. Comment dans un tel contexte s’attendre à une justice impartiale et intègre, lorsque l’exemple qui vient d’en haut laisse passer des dérives et des abus de fonctions manifestement illégaux et profondément iniques ?
Les échos des colonnes des médias fourmillent de ces violations flagrantes et de ces textes de nos lois commis par quelques magistrats détenteurs de très hautes responsabilités. Un cas parmi tant d’autres : celui qui relève de la juridiction de Fianarantsoa concernant l’assassinat d’un adjudant-chef en service commandé tué par un dahalo. Arrêté et conduit devant le Parquet, le tueur a été libéré…Les parents du malfaiteur de se vanter par la suite de n’avoir payer que 50 millions de francs pour ce résultat scandaleux au mépris d’une veuve et d’orphelins. Des indiscrétions frustrées émanant de la société civile nous révèlent les récents quiproquos qui ont eu lieu au cours de la récente assemblée du Conseil Supérieur de la Magistrature. Il était question selon ces sources exogènes du corps de la magistrature d’une forme de corporatisme malsaine affichée ouvertement par l’actuelle ministre de la Justice au profit de quelques magistrats dont la mauvaise réputation en matière de corruption avérée, de fautes professionnelles commises dans l’exercice de leurs fonctions sont prouvables et prouvées par l’opinion. Certains chefs de juridictions vont même jusqu’à prendre des décisions injustes à l’endroit de quelques juges objets d’animosités personnelles de leur part. A cause d’un parti pris aveugle et hautement suspect de complicité blâmable inavoué, dans le cadre de l’autorité du Conseil Supérieur de la Magistrature, dame Elise Alexandrine Rasolo s’insurge ouvertement pour assurer la protection de ses pairs aux activités condamnables sur le plan pénal et disciplinaire, sous les yeux des membres du CSM non membres de la profession. En s’opposant énergiquement à l’ouverture d’enquêtes destinées à mettre à nu les méfaits d’un Procureur Général, d’un Procureur ou d’un Doyen des juges, la ministre ne cache pas sa protection affichée pour les ententes nuisibles de très hautes personnalités de l’exécutif avec des magistrats corrompus qui ne respectent plus les obligations attachées à leurs postes. Au contraire, la ministre de la justice prend sous son aile protectrice les sorts de hauts fonctionnaires parjures que le Mouvement pour l’Ethique et de la Déontologie de Madagascar (MEDEM) avaient déjà pointé du doigt dans leurs doléances. Le moment est venu de redéfinir ce que mous entendons par « intégrité », ce qui implique de revoir les limites du pouvoir de décision de l’exécutif, autant que celui de l’ensemble du Conseil Supérieur de la Magistrature et de débarrasser cette instance de la lourde pesanteur du pouvoir exécutif qui ne permettra pas du tout le retour de la confiance des justiciables vis-à-vis des juges en général et de certaines autorités judiciaires déjà réputées pour leur passé pervers. Au regard d’un quadrillage du territoire national par le parti présidentiel HVM, les agissements partisans du ministre de la justice qui approuve qu’on écarte à tort et à travers quelques juges pour favoriser d’autres en prévision de la prochaine échéance électorale, surtout au niveau de Toamasina ne peuvent que renforcer la méfiance du public. Aux yeux de la population de grand port de l’Est, la fréquence des incidents très regrettables entre des chefs de juridictions au détriment des subalternes marquent à la fois un excès de zèle clientéliste en faveur des autorités centrales et le réveil des vrais défenseurs de l’Etat de Droit. Ce n’est pas avec une ministre de la Justice qui ne pense qu’à préparer son retour confortable au bercail avec les avantages inavouables qui vont avec que le régime arrivera à reconquérir la sympathie des électeurs. Seul un revirement drastique dans le sens d’un nettoyage par le vide selon les souhaits des membres actuels pourra encore sauver la mise à un système pour lequel «les patates pourries sont cuites» en misant sur des ripoux qui s’incrustent pour toujours s’enrichir davantage au lieu de servir les veuves et les orphelins. Du coq à l’âne, à propos de Jacob Zuma, les médias nous apprennent que«sous sa protection, les Gupta avaient joui d’une splendide immunité, élaborant une « capture d’Etat » qui pourrait avoir coûté des milliards de rands (des centaines de millions d’euros) à l’Afrique du Sud. Depuis leur salon, les frères nommaient des ministres, organisaient des raids sur les entreprises publiques. Pas un juge n’aurait osé toucher à un de leurs cheveux. Et voilà qu’on lançait une opération policière chez eux ». D’après un proverbe danois « Un doux commencement a quelquefois une fin amère. » Méditation !
http://justice-madagascar.org/chronique-de-n-razafilahy-ministere-de-linjustice-garde-sots-detriment-bons-juges-gazette-de-grande-ile-26-fevrier-2018/